Communiqué de presse du Jeudi 23 Janvier 2025 faisant suite au communiqué de presse du CHU de Nantes du Mercredi 22 Janvier.
Si nous ne sommes pas en mesure de communiquer sur les circonstances du décès du patient annoncé par le CHU de Nantes dans son communiqué, nous tenons à communiquer sur cette gestion du plan blanc incompréhensible qui est révélateur de la dégradation de notre système de santé dont la conséquence est la mise en danger des patients.
Alors que nous manquons de lits et de ressources humaines en temps normal et de façon à utiliser les moyens existants pour gérer une épidémie hivernale comme celle de la grippe, comme vous le savez le CHU de NANTES a déclenché un plan blanc suivi par celui de l’ARS Pays de la Loire sur le département de la Loire Atlantique pour six semaines (jusqu’au lundi 24 février 2025 - fin des vacances scolaires).
Rappel : Par manque de lits, le CHU a réservé, entre autre, 14 lits sur l’unité de chirurgie ambulatoire pour hospitaliser les patients des urgences et déprogrammer plus de 80 interventions chirurgicales. Puis le CHU, considérant que la situation aux urgences s’étant améliorée ces derniers jours même dans ce contexte de plan blanc, a ré ouvert ses 14 lits pour la chirurgie ambulatoire alors même que le plan blanc n’a pas été désactivé et que selon les spécialistes, le pic de cette épidémie n’est pas encore atteint.
Cette politique du vase communiquant et de moyens constants n’est pas sans conséquence pour les patients. On déprogramme des patients pour une chirurgie, de fait on rallonge le délai de prise en charge, pour libérer des lits ou hospitaliser les patients qui passent par les urgences ou bien on reprogramme ces patients et ferment ces lits pour les urgences. D’une manière ou d’une autre, toujours à moyens constants, ces deux solutions sont non seulement inacceptables mais occasionnent une perte de chance pour ces patients.
Dans ce contexte de plan blanc, le CHU a ré ouvert ses 14 lits de chirurgie ambulatoire, réduisant la possibilité d’hospitaliser des patients qui attendent aux urgences des heures et des heures et même des jours entiers.
A titre d’exemple dans ce contexte où le patient est décédé aux urgences :
Entre lundi 21 et mercredi 22 janvier 2025, des patients âgés ont attendu des dizaines d’heures aux urgences avant de pouvoir être hospitalisés, comme mardi dernier 49h, 53 heures ; mercredi 51 heures et plus.
Des urgences toujours surchargées entre lundi 20 et mercredi 22 janvier 2025. Entre lundi 6h du matin et mardi 6h du matin 220 patients ; entre mardi 6h du matin et mercredi 6h du matin 208 patients.
Ce patient de 80 ans est décédé 10h après avoir attendu sur un brancard dans la file d’attente, en l’absence d’une osculation et d’une investigation plus poussées pour arriver à un diagnostic, permettant peut-être d’éviter ce décès.
Ces délais d’attente trop longs pour être diagnostiqué aux urgences ; ces délais d’attente pour être hospitalisé faute de lits ; ces déprogrammations incessantes ; l’engorgement du 15 par cette régulation obligatoire pour accéder à un service d’urgence permettent ces pertes de chances et ces décès qui, pour bon nombre d’entre eux, sont évitables.
Pour étayer d’exemples cette perte de chance, la jeune fille qui a été déprogrammée 4 fois entre novembre 2024 (3 fois manque de personnels) et janvier 2025 (janvier 2025 déclenchement du plan blanc) pour une chirurgie qualifiée d’urgente par son endocrinologue ; notre collègue infirmière qui après un accident de la voie publique et être passée aux urgences rappelle le 15 à 2h et 5h du matin de chez elle pour dire que son état s’aggrave. Le 15 lui rétorque qu’une chute ça fait mal et que ça va se passer et lui indique de ne pas venir aux urgences. Elle prend l’initiative de se rendre aux urgences, elle est du métier. Elle s’est que son état de santé se dégrade et prend l’initiative de se rendre aux urgences malgré l’interdiction du 15. Elle arrive « 6 » de tension, une hémoglobine à « 8 », une imagerie et le diagnostic vitale tombe « Hémorragie interne » et est transférée en réanimation. Si elle avait écouté la régulation elle serait décédée chez elle. Combien de gens meurent en silence chez eux sur ces erreurs d’appréciation du 15, parce que les urgences sont saturées et qu’il faut à tout prix réguler ces services occasionnant ces erreurs vitales ? Combien de personnes renoncent aux soins parce cette politique de santé les encourage à renoncer à se soigner et tout particulièrement pour les personnes les plus précaires ?
C’est ce qui nous attend aujourd’hui et demain en l’absence d’une vraie politique de santé. Nous sommes tous en danger et susceptibles de connaitre un jour cette perte de chance, conséquence de ces politiques de santé déshumanisées au profit d’une politique d’économie, de rentabilité au détriment de l’humain.
Des solutions existent. Nous exigeons un changement de politique de santé au service de l’humain, un accès aux soins pour tous dans des délais raisonnables.