Madame la présidente du Conseil de surveillance, Monsieur le Directeur Général, Monsieur le Président de la CME, Monsieur le Directeur Général de l'Agence Régionale de Santé des pays de la Loire,
Une énième année vient de se solder sous l'ère de l'austérité, les hôpitaux étant largement mis, depuis de nombreuses années, à contribution pour la réduction de la dette publique. Pendant que le patronat se gave d'argent public, s'exonère pour bon nombre d'entre eux d’impôts et de cotisations.
D'ailleurs, en ce sens, au 1er janvier 2019 l’état ne compensera plus financièrement les baisses de cotisations sociales qu'il décidait, c'est bien la sécurité sociale qui devra supporter sur son budget les baisses décidées par l'état. Ainsi, pour 2019, l’assurance maladie devra faire 3,8 milliards d’euros d'économie supplémentaires. Ce sera donc d'autant moins d'argent qui pourrait servir à la santé et tout particulièrement pour l'hôpital public.
C'est dans ces conditions que l'hôpital public subira pour cette année 2019, un nouveau plan d'économie d'environ 650 millions d'euros, les 400 millions d'euros supplémentaires prévus dans le cadre de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie pour cette année, passée à 2,5%, ne bénéficiera pas aux hôpitaux.
Pire encore, les annonces faites par le président MACRON dans le cadre du plan Ma Santé 2022» ne résolvent pas le problème chronique des hôpitaux déjà lourdement endettés mais viennent aggraver la situation. Ce plan ne tourne qu'autour de réorganisations avec un seul et unique objectif, celui de la réduction de la dépense publique. Celui de la diminution de l'offre de soins en fermant des établissements et des lits engendrant ainsi la diminution de la demande.
Conséquences de toutes ces politiques autoritaires et contre-productives, des hôpitaux et des hospitaliers qui s’asphyxient un peu plus chaque année, des usagers et des professionnels en danger.
Au CHU de NANTES, c'est l’hôpital qui est en tension permanente. Cette tension rallonge les délais de prise en charge des patients qui pour certains d’entre eux font le choix de partir dans le privé.
Les arrêts de travail ont doublé en 10 ans
En 2017, on totalisait le triste record de plus de 215 000 jours d'arrêts de travail, le bilan social 2018 ne devrait être guère plus reluisant que celui de 2017. Les maladies professionnelles augmentent. Les départs en retraites par invalidité augmentent pour des agents qui ont été cassés par le travail, par ces mauvaises conditions de travail et qui partent avec une pension de misère, 237 euros pour certains d'entre eux comme une mère de famille avec trois enfants à charge, sans cela n’émeut personne. Vous poursuivez malgré tout votre marche funeste.
Des services entiers sont sous tension comme ceux de la gériatrie et de la psychiatrie et tant d'autres encore qu’il serait fastidieux de les énumérer.
Les fonctionnaires sont traités comme des sous salariés corvéables à merci.
En 2019, l'état atteindra la bagatelle de plus de 10 milliards d'euros d'économie faits sur le dos des fonctionnaires en matière salariale comprenant le gel du point d'indice entre 2010 et 2019; le rétablissement de la journée de carence; la suppression des bonifications dans le cadre du PPCR...
Toutes ces mesures ne sont pas sans conséquences sur le fonctionnement de nos hôpitaux qui ne sont plus attractifs, des salaires indignes, des compétences qui fuient l'hôpital public, les écoles d'aide-soignant et d'infirmier qui ne font plus le plein.
Au CHU de NANTES, c’est fermeture de 15 lits de gériatrie de juin à novembre 2018, ce sont des lits qui seront à nouveau fermés faute de recrutement, ou encore ,des agents contractuels qui se disent maltraités qui ne reconduisent pas leur contrat de travail même sous la contrainte et la menace, des intérimaires qui ne souhaitent plus venir travailler au CHU de NANTES, des fonctionnaires qui prennent des disponibilités ou bien encore, qui démissionnent.
Malgré toutes ces alertes, vous ne prenez pas la mesure de cette situation explosive.
Les blouses blanches en ont ras le bol de cette maltraitance institutionnelle qui découle pour une part de tous ces plans d'économie, mais pas seulement puisqu'en local, vous avez fait des choix:
- celui d'augmenter les emplois précaires et d'en augmenter leur durée plutôt que d'offrir des perspectives aux agents CDD en pérennisant l'emploi.
- celui de ne pas appliquer les nouvelles grilles salariales aux agents contractuels à des fins purement économiques puisque vous avez estimé ce gain à 1 800 000 euros tous les deux ans. Rien ne vous y contraignait.
- celui de mettre en place des organisations de travail indignes et dangereuses
- celui d'autoriser l'encadrement à déréglementer le temps de travail, celui-ci n'ayant plus de marge de manœuvre pour faire fonctionner son service en cas d'absentéisme et ainsi dégrader la vie privée des salariés.
- celui de la mobilité forcée en psychiatrie, alors que ce secteur est en grande difficulté même si la création de postes supplémentaires a été annoncée (parmi lesquelles des postes non pérennes) sur ce secteur d'activité suite à la mobilisation du personnel. Annonce qui reste insuffisante pour pouvoir endiguer la crise et répondre aux besoins des patients.
- celui de fermer la porte à de nombreux agents qui veulent bénéficier d'un financement au titre de la promotion professionnelle comme par exemple les ASHQ qui veulent faire l'école d'aide-soignant, alors que l'on a du mal à recruter des aides-soignants
- celui d'imposer des astreintes aux IDE dans les unités qui ont été recomposées dégradant leur vie privée et augmentant les RPS
- celui de sanctionner ceux et celles qui sont malades en ayant modifié les règles de répartitions de la prime de service
Et bien d'autres exemples encore…
Les agents sont fatigués, usés, par leurs conditions d'exercice qui s'aggravent chaque année, mis à contribution pour un nouvel hôpital dont on ne sait même pas comment financer la facture pharaonique d’ 1 milliard d'euros, la marge brute, les provisions, la CAF tous ces éléments contraints qui pèsent sur le dos des salariés.
Facteur aggravant, les tarifs qui ne cessent de diminuer poussant ainsi les établissements à faire plus d'activité et la mise en œuvre en 2019 de forfaits de prise en charge pour certaines pathologies chroniques en lieu et place d'une facturation à chaque consultation. Un solde de tout compte qui ne suffira pas à couvrir les charges si ces patients reviennent trop souvent à l’hôpital.
Vous aurez beau construire « le plus bel hôpital au monde », mais votre palais des glaces n’éblouira personne et ne répondra pas aux besoins de la population (-349 lits) et n’offrira pas de bonnes conditions de travail aux agents (suppressions d'emplois). Un hôpital enclavé qui est exposé au naufrage compte tenu de son sous-dimensionnement et de sa localisation. Lors du naufrage, aucun capitaine n’en assumera la responsabilité, seuls les contribuables devront mettre à nouveau la main à la poche, les hospitaliers devront continuer à en baver et les patients en paieront le prix fort celui de la santé.
Dans cette période de Vœux, les agents exigent:
- Des effectifs à la hauteur des besoins pour assurer leur sécurité et celle des patients et assurer une bonne prise en charge des patients
- La mise en stage de tous les agents contractuels
- La suppression des astreintes illégales imposées aux IDE
- Des financements pour assurer toutes les demandes de formations
- Le respect de notre statut, régulièrement bafoué
- Des mensualités de remplacement pour les congés annuels pour permettre de les prendre dans les conditions règlementaires (3 semaines l’été comprenant les weekends avant et après les périodes de CA y compris pour les petites périodes)
- Une prime de service à 8,5% pour tous
- La suppression de la prime de présentéisme et le rétablissement de l’ancienne répartition
- La suppression du jour de carence
- Une meilleure évolution de la carrière par une revalorisation significative des grilles indiciaires et un déroulement de carrière linéaire
- Le dégel du point d’indice et le rattrapage de celui-ci depuis 2010
- Le financement à 100% par l’Etat du nouvel Hôpital
Chaque année on oppose aux salariés le fait qu’il n’a pas d’argent. Pour ceux et celles qui croient qu’il n’y a pas d’argent pour l’hôpital public
Voici quelques chiffres qui démontrent le contraire :
- 275 milliards d'€ de cadeaux au patronat (exonération de cotisations sociales, réduction d'impôts, de taxes, etc.)
- baisse de l'impôt sur les sociétés : 11 milliards d€
- suppression de l'ISF : 4milliards€
- CICE transformé en allègement de cotisations sociales : 40 milliards d'€ en 2019
- 100 milliards de bénéfices des entreprises du Cac 40
- 57,4 milliards d'€ versés aux actionnaires du Cac 40 (+ 12% par rapport à 2017)
- 2584 milliards d'€ de richesse créés par les salariés détournés par le capitalisme
La CGT rappelle que l’hôpital public n’est pas une entreprise, que les patients ne sont pas de la marchandise et exigent des moyens humains pour l’hôpital public.