Madame la Présidente, Mesdames, Messieurs les membres du Conseil de Surveillance,
Face à la crise dans les hôpitaux, explosion des arrêts de travail, suicides de personnels para médicaux et médicaux, grève de la faim de personnels soignants comme à Rouen et au Havre cet été qui revendiquaient une augmentation des effectifs dans ces établissements de psychiatrie, nombreuses manifestations, nombreux mouvements plus de 1700 en un an, autant de conséquences de ce manque criant de moyens pour la santé, le gouvernement a annoncé en septembre un plan santé.
Dans ce plan santé, rien pour l’hôpital public si ce n’est encore un plan d’économie. Les effets d’annonces ne sont rien d’autres que la continuité des politiques d’austérité qui se succèdent chaque année et qui ont mis en crise les hôpitaux.
Un plan santé pour économiser mais certainement pas pour soigner :
- Le gouvernement continue dans sa politique de baisse des tarifs. Il est important de rappeler que le CHU de Nantes bénéficie des tarifs les plus bas des CHU, un handicap supplémentaire parmi tant d’autres qui nous sont imposés comme les MIGAC qui sont sous dotées depuis des décennies au CHU de Nantes.
- La fermeture de lits et d’hôpitaux de proximité sont toujours au rendez-vous.
- La suppression de postes en lien avec ses fermetures de lits sont toujours d’actualité.
- Pas l’ombre d’un budget pour augmenter les effectifs dans les hôpitaux. Pire encore, la Ministre de la santé réitère le même discours que ses prédécesseurs « nous n’avons pas un problème de sous financement mais un souci d’organisation ».
- Aucune révolution budgétaire pour les hôpitaux, le président avait pourtant laissé entendre qu’il remettrait en cause ce mode de financement qu’est la T2a, puisque ce sera encore l’activité qui financera les hôpitaux. Sur ce sujet, nous avons tout à s’inquiéter dans la mesure où non seulement l’activité dans les hôpitaux est en berne mais celle-ci a plutôt tendance à diminuer en 2018. En effet toutes ces politiques d’austérité portent leurs fruits puisque bon nombre de personnes renoncent à se faire soigner.
En clair, le gouvernement, par ce plan, veut rationaliser les services, alors que c’est une embauche massive de personnel qui est nécessaire pour enrayer cette crise aussi bien pour les hospitaliers que pour les patients.
Il en est de même pour les EPHAD et les établissements de psychiatrie. Que des propositions placebos pour ces secteurs d’activité qui sont en crises.
- Des EPHAD qui n’ont plus les moyens pour fonctionner correctement et prendre soin de nos aînés dans la dignité, et qui terminent leur exercice en déficit.
- Des patients de psychiatrie qui restent en errance faute de lits avec des professionnels qui sont épuisés n’ayant plus de moyens pour prodiguer des soins de qualité.
Une tension connue de tous sur le secteur de pédopsychiatrie qui fait que des mineurs sont hospitalisés dans des unités fermées réservées aux adultes. Accepteriez-vous que votre enfant âgé de 13 ou bien de 16 ans soit hospitalisé dans une unité fermée au milieu de patients adultes. C’est ce qui s’est passé dernièrement à l’hôpital Saint-Jacques. Cette situation n’est pas isolée.
Toutes ces tensions peuvent générer de l’agressivité chez les patients. Elles font que les personnels travaillent dans l’insécurité. Cet été, un soignant a été blessés à l’arme blanche (coup de cutter au visage) et les autres soignants qui ont assisté à l’agression ont été choqués et traumatisés. Nous sommes passés tout près d’un drame. Les agressions verbales et physiques en psychiatrie sont de plus en plus importantes et de plus en plus violentes.
Nous demandons à ce que soit annexé au procès-verbal la déclaration CGT qui a été lue lors du CTE du 28 septembre 2018 en présence de plus de 100 agents du pôle de psychiatrie qui se sont exprimés sur leur mal être au travail, sur la dégradation de la prise en charge des patients et de la dégradation de leurs conditions de travail. Sur ce qu’ils vivent au quotidien.
Nous interpellons une énième fois l’agence régionale de santé :
- Sur les moyens insuffisants qui sont alloués à la psychiatrie au CHU de Nantes pour répondre aux besoins des patients et prodiguer des soins de qualité.
- Sur votre responsabilité face à l’insécurité qui règne sur ce secteur d’activité et donc la mise en danger des agents tout comme celle des patients.
- Sur les organisations de travail construites sur la base d’un effectif qui ne correspond pas aux besoins, et qui font que des professionnels peuvent se trouver à travailler plusieurs heures seules la nuit dans une unité fermée.
Dans ces circonstances, à qui incombe la responsabilité si un professionnel se fait trucidé, alors qu’il n’est pas censé travailler seul ? Que l’employeur est censé assurer la sécurité de ses salariés…
Ces situations de mise en danger ne sont pas isolées de jour comme de nuit pour les soignants comme pour les patients, c’est le quotidien des secteurs de psychiatrie au CHU de Nantes.
Nous invitons l’Agence Régionale de Santé à venir sur le terrain pour se rendre compte de la situation, comme cela avait été fait pour le pôle MPR dans le cadre d’un mouvement de grève, déposé par notre organisation syndicale, qui avait permis la création et le financement par l’ARH de 15 postes d’IDE et d’AS sur trois unités.
Nous exigeons :
-
Des créations de postes à la hauteur des besoins sur le secteur de Psychiatrie, de gériatrie et plus largement sur tous les secteurs d’activité du CHU de Nantes qui sont en souffrance.
-
Un plan d’urgence de stagiairisation sur le pôle de psychiatrie et sur le pôle gériatrie et plus largement sur tout l’établissement pour pérenniser l’emploi titulaire et offrir une perspective aux agents contractuels
Nous tenons à préciser :
-
Que ces conditions de travail, ces conditions d’insécurité, font que le personnel déserte l’hôpital public.
-
Que nous n’arrivons plus à recruter sur le pôle gériatrie, conséquence fermetures de 15 lits depuis le mois de juin 2018.
-
Que nous avons du mal à recruter d’une manière générale au CHU de Nantes sur des grades comme ceux d’AS, d’IDE et d’ASHQ.
Nous demandons qu’un courrier, au nom du Conseil de Surveillance, soit adressé à Madame la Ministre de la Santé :
- Pour demander l’arrêt immédiat de la baisse des tarifs et décrire notre situation particulière en la matière.
- Pour faire un descriptif de la situation dégradée sur le pôle de psychiatrie et sur le pôle de gériatrie au CHU de Nantes et demander un déblocage de fond urgent pour répondre aux prises en charge des patients sur ces deux secteurs d’activités, de façon à assurer la sécurité des agents et des patients et permettre une bonne prise en charge des patients.