Dans la continuité des politiques de destruction des services publics, notre premier « sinistre » vient aujourd’hui poser la première pierre « Tombale » de la mort annoncée de l’hôpital public.
Après la loi Hôpital Patient et Territoire et de la mise en place de la tarification à l’activité dont il a été avec ses complices l’instigateur, il vient entériner un projet qui réduit une nouvelle fois les besoins de santé sur notre territoire.
La politique de fermetures de lits n’a jamais cessé, même dans ce contexte de crise sanitaire. Ces 853 lits de MCO (médecine chirurgie obstétrique) qui ont été supprimés dans notre région entre 2015 et 2020.
Non seulement les lits qui ont déjà été supprimés au CHU de Nantes ne seront pas recréés mais il est prévu d’ici 2027 la suppression de 65 lits de MCO.
Les mobilisations organisées par le collectif Stop-Transfert-CHU en 2020 et 2021 ont permises de faire reculer les prétentions du gouvernement alors qu’il prévoyait encore la fermeture de plus de 200 lits au CHU de Nantes d’ici 2027. L’Hôpital Nord est donc maintenu mais pour autant, la direction du CHU de Nantes et l’ARS et quelques-uns de ces colistiers comme le syndicat CFDT du CHU de Nantes et Madame Johanna ROLAND maire de Nantes et Présidente du Conseil de Surveillance ce sont empressés le 4 octobre 2021 lors du conseil de surveillance à autoriser la vente d’une partie des terrains de l’Hôpital Nord à LNA Santé, un groupe de santé privé. Une manière de saborder la possibilité de développer l’hôpital public sur ces terrains appartenant au CHU de Nantes ou bien encore de la possibilité d’un regroupement sur ce même site doté de plus de 54 hectares de terrain, alors que le site « Ile de Nantes » n’est constitué que de 11 hectares.
Enclaver cette nouvelle construction dans une boite à chaussure dans une zone inappropriée est une volonté politique et scandaleuse. Les deux éléments principaux qui soit disant motivaient cette nouvelle construction étaient de faire des chambres seules et de regrouper toutes les activités de médecine, de chirurgie et d’obstétrique sur un même site. Il n’en est rien puisque les annonces de cet été, confirment le doublement de plusieurs dizaines de chambres, les bons petits soldats de la commission médicale d’établissement venant de se rendre compte que la population de notre agglomération grandissait et vieillissait, alors même que ce constat était déjà fait avec ces prévisions d’augmentations de la population en 2008, date d’accouchement de ce projet.
Madame Johanna ROLLAND indique même que la mairie de Nantes a réservé du foncier dans l’hypothèse de devoir agrandir l’hôpital, la question du site unique ne tient donc plus.
Toutes les reconstructions d’hôpitaux sont conditionnées aux fermetures de lits et à la destruction d’emplois, c’est ça la réalité.
Ce projet est donc un projet politico-économique au service du capital.
Alors même que les délais de prise en charge des patients se rallongent avec à la clé une perte de chance pour les patients les plus précaires, ce projet va venir aggraver la situation.
Une situation déjà extrêmement tendue parce que les hôpitaux n’arrivent plus à recruter. Une stratégie politique organisée pour motiver les fermetures de lits qui porte gravement atteinte aux patients.
Parlons-en de cette stratégie :
Des hospitaliers maltraités par des conditions de travail insupportables. Une charge de travail inhumaine qui a augmenté avec une évolution de l’activité de plus de 35% sans évolution des effectifs dans les mêmes proportions ; une dérèglementation permanente du statut ; des congés annuels avec l’injonction de partir ou de revenir sur un weekend travaillé ne permettant pas aux hospitaliers du CHU de profiter pleinement de leur location de vacances. C’est ça la réalité du terrain.
Conséquences :
Plus de 260 000 jours d’arrêts de travail. Un chiffre qui a été multiplié par deux en 10 ans. C’est plus d’1 mois d’arrêt de travail par agent et par an. Plus de 200 000 heures supplémentaires ; une dette sociale qui explose ; une augmentation de risques psychosociaux ; une augmentation des épuisements professionnels, des maladies professionnelles de plus en plus graves et invalidantes ; des départs à la retraite par invalidité dès l’âge de 45 ans avec à la clé un coup de pied dans le cul et une pension de misère ; des hospitaliers qui fuient l’hôpital public pour sauver leur peau ne voyant aucune autre issue ; des hospitaliers qui prennent des disponibilités ou bien encore qui démissionnent et changent de métier. Des pertes de compétences. Des agents contractuels en CDD qui refusent des renouvellements de contrat quitte à prendre le risque de perdre le versement de l’allocation chômage.
C’est encore ça la réalité des hospitaliers.
Ce n’est que la stratégie n°1 du gouvernement et des gouvernements qui se sont succédés.
Parlons de la stratégie n°2 qui consiste à gripper la formation de nouveaux professionnels et particulièrement sur les métiers en tension sur le « marché » du travail alors que le gouvernement connait parfaitement les besoins à court, moyen et long terme des établissements de santé par le bais des bilans sociaux. Mais il n’en est rien. Ils ont organisé sciemment cette pénurie. Notre région Pays de la Loire est la région la moins bien dotée en personnel de santé. Une politique de formation désastreuse dont la responsabilité est à reporter à la région, au département, à l’ARS, au gouvernement et aux établissements. Pire encore, alors même que nous avons des professionnels qui veulent devenir infirmière, aide-soignante, des métiers en tension qui occasionnent des fermetures de lits ET bien vous savez quoi le CHU refuse de les financer au titre de la formation professionnelle jusqu’à prendre le risque que ces professionnels démissionnent, c’est ça la réalité de terrain de cette pénurie organisée.
Ainsi, aujourd’hui, le gouvernement peut motiver les fermetures de lits au motif qu’ils ne trouvent plus de personnels pour se dédouaner.
Pire encore, les employeurs par le bais de l’ANFH qui collecte nos cotisations de formation utilise cet argent pour acheter du matériel de formation plutôt que de financer de la promotion professionnelle. Pour le CHU de Nantes c’est 1 million d’euros pour 2022. Sous le règne TOURRAINE ministre de la santé sous François HOLLANDE, c’est 300 millions d’euros de cotisations de formations qui ont été volés empêchant ainsi plus de 6000 promotions professionnelles dans la fonction publique pour boucher le sois disant trou de la sécurité sociale.
Vous voyez même les fonds dédiés à la formation sont détournés pour empêcher de former de nouveaux professionnels.
Conséquences, le CHU de NANTES a fermé des lits de cardiologie, de neurochirurgie, des lits de MPR, des lits d’orthopédie, de gériatrie, 5 salles opératoires depuis le mois de septembre non pas à cause de la Covid mais bien à cause du défaut de recrutement.
La situation s’aggrave, il est prévu la fermeture au mois de février sur 15 jours des services extra hospitaliers de psychiatrie pour redéployer les effectifs dans les services intra hospitaliers de psychiatrie. Des patients de psychiatrie qui risquent de décompenser alors que le besoin de soins en psychiatrie a augmenté à cause de la crise sanitaire.
Sans parler du SMUR à Ancenis qui a été fermé 6 mois pour redéployer les équipages dans le service des urgences du CHU de NANTES.
Cette situation est sans précédent et est la conséquence de toutes ces politiques désastreuses et dangereuses qui mettent en péril notre santé.
Quant au financement de ce projet « Ile de NANTES » alors que la situation est tendue au CHU de NANTES avec un encours de dette d’un moins de 200 millions d’euros, en 2027 ce sera plus de 600 millions d’euros d’endettement pour le chu de Nantes que devront supporter les hospitaliers du CHU. Quid de l’investissement futur dans les nouvelles technologies pour le CHU de NANTES alors que le taux d’endettement sera insupportable ? Ce projet est très mal financé.
Au total
⁕ Un projet un projet sous dimensionné, qui ne répond pas aux besoins de la santé de la population de notre territoire, qui va rallonger les délais de prise en charge des patients et occasionner une perte de chance pour les patients les plus précaires
⁕ Un projet mal financé qui va aggraver les conditions de travail des agents qui vont devoir supporter un taux d’endettement insupportable
⁕ Un projet qui va supprimer l’emploi, la variable d’ajustement étant les agents en CDD, + de 19% de la masse salariale aujourd’hui au CHU de Nantes
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