Le Mardi 26 juin 2018, c'est tenu une séance de CHSCT Extraordinaire demandée par plusieurs organisations syndicale. Le syndicat CGT a adressé cette demande suites aux multiples interpellation des salariés du PHU 8 (secteur psychiatrique). En effet ces derniers nous informent de la montée exponentielle de la violence et des conséquences que cela engendre.
Cette instances aura été l’occasion pour plus d'un soixante d'expert de dénoncer leurs conditions de travail liés au manque criant d'effectif.
Intervention CGT du CHSCT 24/06/18
Nous n’avons pas cessé de vous alerter depuis plus d’un an (consignations, interventions lors de précédents CHSCT et CTE) sur l’aggravation des conditions de travail des salariés de psychiatrie.
En effet nous constatons:
- Le personnel est de plus en plus fréquemment victime d’agressions de la part des patients hospitalisés : agressions verbales, agressions physiques, menaces de mort… Les deux infirmiers récemment agressés à l’unité Gwarez sont encore très choqués.
- Des agressions physiques ont même eu lieu en dehors de l’hôpital par des anciens patients envers des infirmiers.
- Les agressions physiques, verbales et également sexuelles entre patients sont aussi en augmentation.
- La consommation de toxiques, dans l’enceinte de Saint-Jacques qui avait déjà l’objet d’un CHSCT, est encore en augmentation avec des produits de mauvaise qualité…
- Les agressions et les consommations de toxiques sont ainsi plus fréquentes au risque d’être banalisée. Il ne le faudrait pas. Un temps de débriefing devrait être proposé systématiquement pour analyser chaque situation. Et la médecine de travail devrait être également sollicitée.
- Aussi, faute de lits de pédopsychiatrie (14 lits dans notre département) des mineurs sont fréquemment hospitalisés dans les unités fermés (récemment 2 à l’unité Matisse, 2 à l’unité Gwarez et un mineur de 13 ans a été affecté à l’unité Gaudi dans la nuit de jeudi à vendredi)
- 17 lits occupés dans les unités fermés au lieu de 15 dont 2 CSI. Dans les recommandations de l’HAS : « l’isolement doit être levé, sur décision médicale, dès que son maintien n’est plus cliniquement justifié ». Comment fait-on pour appliquer cette recommandation s’il n’y a plus de lits disponibles ?
- Les sous effectifs sont réguliers (IDE, ASH, assistants sociaux et autres personnels) dans les services suite à des arrêts longs non remplacés ou autres…
- Les effectifs sont restreints dans les services lorsque les collègues sont partis en renfort. (la nuit, les infirmiers restent seuls dans les unités). Les infirmiers sont aussi amenés à intervenir en rééducation fonctionnelle. Est-ce le rôle des infirmiers en psychiatrie ? Une équipe de sûreté en nombre suffisant ne serait-elle pas souhaitable dans l’enceinte de l’hôpital Saint-Jacques ? Les hommes sont souvent appelés en renfort. Ce qui peut être à la longue difficile à vivre.
- Les conditions des travaux pour les CSI et pour l’unité Tati questionnent la sécurité des soins.
- Des problèmes de roulement : changements de roulement incessants, nuits à faire par l’équipe de jour (ce qui vient en contradiction avec les préconisations de la médecine du travail), week-ends à poser en plus des roulements initiaux…
- Mise en œuvre de la mobilité du PHU 8 compliquée.
- Pressions sur le personnel contractuel et titulaire.
- Manque de présence médicale dans certaines unités.
- Listes d’attente importantes de prise en charge des patients dans les structures extra hospitalières par manque de personnel (IDE, psychiatre, psychologue…)
- Pas de solutions trouvées pour le CMP de la Pérouse qui est toujours en intra.
- La formation du personnel est insuffisante : les formations « consolidation des savoirs en psychiatrie », « omega » et d’autres formations sur la psychopathologie et les soins en psychiatrie devraient être proposées à tout le personnel débutant en psychiatrie (formation initiale insuffisante)
L’ensemble de ces conditions de travail conduit à un risque élevé d’épuisement professionnel et à un sentiment d’insécurité. Beaucoup témoignent venir travailler avec la « boule au ventre ». Et de nombreux salariés sont obligés d’être en arrêt maladie. Et toutes ces conditions de travail ont aussi des conséquences négatives sur la prise en charge de nos patients.
La psychiatrie est un secteur spécifique dont l’essentiel du travail est basé sur la relation humaine, la recherche de l’adhésion aux soins, le dialogue, l’observation, le partage des informations cliniques et leur analyse. Pour ce faire, nous avons besoin de moyens humains et de temps dans le but d’obtenir des prises en charges globales des patients satisfaisantes. Si nous n’avons pas les moyens d’être à l’écoute de nos patients, leur souffrance augmente, la tentation de consommer des toxiques peut être plus forte… Ce qui génère des risques de passage à l’acte.
Nous avons donc besoin de moyens humains (augmentation des effectifs des équipes en intra et extrahospitaliers, augmentation des effectifs des équipes de renfort de jour comme de nuit, augmentation de l’équipe de sûreté, etc…) et de formations adaptées à chaque professionnel. Le collectif qui a été créé au sein de l’hôpital Saint Jacques témoigne de la souffrance du personnel et du besoin d’être soutenu et entendu.
Ainsi des mesures urgentes et pérennes doivent être prises afin d’assurer, selon la réglementation, le respect de la santé physique et psychique de l’ensemble du personnel. Et je rajouterai qu’elles sont aussi importantes à prendre pour la qualité des prises en charge de nos patients.
Nous pouvons être véritablement inquiets quand nous apprenons hier au conseil de surveillance la baisse de 180000 euros de la dotation globale pour la psychiatrie.