Les syndicats CGT du CH Erdre et Loire, du CHU de Nantes et de l'union local d'Ancenis, ne peuvent se résoudre à la fermeture du service de maternité du CH Erdre et Loire. C'est pourquoi vous trouverez ci dessous le courrier adressé au ministère le 3 aout 2023.
Nous vous invitons à nous rejoindre à la manifestation organisée par la CGT le Samedi 9 septembre à 10H00 "Station ESSO" d'Ancenis !
Monsieur le Ministre de la Santé,
Nous attirons votre attention sur la maternité du Centre Hospitalier Erdre et Loire d’Ancenis dans le 44.
La direction de cet établissement public a annoncé, dernièrement, la fermeture définitive du bloc obstétrical à compter du mois de novembre 2023. Cette fermeture inacceptable serait motivée, comme elle a été pour le service des urgences qui aujourd’hui est toujours fermé partiellement, par l’absence de recrutement de personnels médicaux (gynéco-obstétriciens).
Cette fermeture se rajoute à un nombre indécent de fermetures d’établissements comme des maternités, des services, des lits publics en France et n’est pas sans conséquence sur les usagers-ères du service public au prétexte que les établissements n’arrivent plus à recruter.
Nous ne sommes pas dupes, cette pénurie de professionnels de santé a été sciemment organisée par les gouvernements qui se sont succédés et continue de l’être par l’absence d’un plan de formation ambitieux prenant en compte les besoins de santé sur notre territoire. Pire encore, aucune perspective d’amélioration des conditions d’exercice, des conditions de travail des professionnels à l’hôpital public n’est envisagée. Bien au contraire, la situation s’aggrave, la maltraitance des professionnels s’institutionnalise dans tous les hôpitaux avec des cadences de travail qui s’intensifient, qui sont inhumaines au détriment de la sécurité des professionnels et des usagers-ères.
Cette fermeture organisée, parmi tant d’autres, est le fruit de toutes ces réformes délétères que l’hôpital public subit depuis des décennies. L’accès à l’hôpital public, et tout particulièrement pour accoucher, s’aggrave.
Non seulement, vous orchestrez et cautionnez ces fermetures en ne déployant pas les moyens suffisants pour les éviter, mais vous mettez en difficulté les autres maternités publiques déjà saturées.
Alors que la maternité d’Ancenis procède chaque année à 600 accouchements, un chiffre stable, la maternité du CHU de Nantes et d’Angers sont saturées, allant jusqu’à refuser de nouvelles inscriptions à la maternité du CHU de Nantes alors même que ce CHU a signé une convention avec les cliniques privées pour éviter la facturation de dépassements d’honoraires, contraignant ainsi ces futures mamans à s’inscrire dans les maternités privées avec à la clé des dépassements d’honoraires. Sans compter les nombreux transferts des parturientes vers les maternités privées faute de places.
Quant à la sécurité des mamans et de leur bébé qui n’auront plus accès à cette maternité de proximité, elles devront aller accoucher à Angers ou bien à Nantes soit à plus de 40 minutes de leur domicile. Sans compter, celles qui feront le choix d’accoucher à leur domicile pour éviter ces transferts pour lesquels elles n’auront aucune garantie d’accoucher au CHU d’Angers ou bien de Nantes, ces maternités étant déjà saturées, mettant ainsi à mal l’optimisation de la sécurité de la maman et de son bébé en cas de problème.
Encore une fois, ces choix politiques, puisqu’aucun plan ambitieux n’a été annoncé par le gouvernement pour endiguer ces fermetures toutes ces dernières années, viennent aggraver l’accès aux soins et creuser encore un peu plus les inégalités de cet accès aux soins sur notre territoire.
Cette situation perverse peut venir mettre en danger le reste de l’activité de ce centre hospitalier d’Ancenis comme celle de la chirurgie liée à l’activité d’anesthésie qui sera diminuée d’autant par la fermeture du bloc obstétrical et rendre cet établissement peu attractif pour les anesthésistes.
Tout comme l’emploi dans cet établissement se verra affecté, alors que l’activité pratiquée dans cette maternité est reconnue de qualité avec des professionnels motivés et compétents qui œuvrent chaque jour dans l’intérêt des mamans, de leur bébé et pour un service public de proximité de qualité.
Dans ces conditions, nous exigeons que vous mettiez tout en œuvre pour maintenir cette maternité avec son bloc obstétrical de façon à garantir la sécurité des mamans et de leur bébé ; de façon à garantir l’emploi et maintenir les compétences existantes ; de façon à ne pas aggraver la situation des autres maternités comme celles du CHU de Nantes et d’Angers déjà en grandes difficultés et garantir ainsi un accès au service public pour tous.
Saturer volontairement les maternités publiques, par la fermeture des maternités de proximité, c’est mettre en danger une population vulnérable. C’est orchestrer une discrimination entre celles et ceux qui n’ont pas d’autres choix que d’accéder à un service public n’ayant pas les moyens de payer des dépassements d’honoraires pouvant ainsi renoncer à faire des enfants. C’est créer une nouvelle inégalité de traitement entre les hommes et les femmes en les exposant à un grave danger pouvant aller jusqu’à la mort, les femmes étant les seules à pouvoir accoucher.
- Comment les femmes peuvent-elles encore être considérées dans notre société en les exposant à un autre danger ?
- Comment envisagez-vous dans ces conditions de maintenir un taux de morbidité infantile au plus bas, alors ces fermetures de maternité vont augmenter de fait ce risque de morbidité qui pourrait être évité ?
Il est inutile de vous rappeler l’étude publiée en juin 2023 par l’INSEE qui relève que depuis 2015, la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne avec une augmentation de la mortalité néonatale.
C’est ça le progrès ? Un retour en arrière !
Vous avez déclaré, dernièrement à la presse, que vous ne pouvez pas vous satisfaire de ces fermetures en parlant précisément des services d’urgences la nuit, mais il doit en être d’autant pour les maternités où la direction de ce centre hospitalier ne parle pas de fermeture temporaire mais bien d’une fermeture définitive.
Vous avez reçu dernièrement un courrier des personnels de cette maternité faisant des propositions. Nous vous demandons de les prendre en considération et de les exploiter rapidement de façon à maintenir cette maternité ouverte.
Plus largement, nous attendons également des actions fortes (rémunération ; effectifs ; formation etc…) pour pérenniser l’emploi dans nos hôpitaux et arrêter l’hémorragie des départs. Pour donner des perspectives d’amélioration aux professionnels. Pour former de nouveaux professionnels ayant pour objectif de pourvoir les postes vacants qui ont pour conséquences des fermetures de lits et renforcer les équipes pour diminuer l’intensité du travail rendue inhumaine dans nos hôpitaux. Pour redonner du sens au travail aux professionnels désabusés par ces méthodes de rentabilité au détriment de l’humain. Pour répondre aux besoins des usagers-ères dans des délais raisonnables. Pour répondre aux besoins de santé sur le territoire. Pour mettre en œuvre une vraie politique de prévention quasi inexistante en France. Et enfin pour un service public digne de ce nom…
Dans l’attente d’une réponse écrite.