Lettre Ouverte
Objet : Service des urgences du CHU de NANTES
Monsieur le Directeur Général,
Depuis de nombreuses années le service des urgences au CHU de Nantes est saturé. Pour rappel, en 2019, la majorité des services d’urgences de France était en grève pour les mêmes raisons, une montée en charge de l’activité sans que les effectifs n’évoluent dans les mêmes proportions et le manque criant de lits d’hospitalisation pouvant occasionner une perte de chance pour les patients.
La situation, depuis plusieurs mois, aux urgences du CHU de NANTES est devenue critique, compte tenu du nombre important de passage aux urgences. La sécurité des patients et des professionnels n’est plus assurée. En ce sens, vous avez à plusieurs reprises, fait des communiqués de presse invitant les patients qui ne relèveraient pas de l’urgence à ne pas se rendre aux urgences. Cette communication est à double tranchant, sachant que les patients ne sont pas des médecins et n’ont pas les compétences pour s’auto diagnostiquer. Le risque de cette communication culpabilisante est de passer devant une urgence vitale. Il est à noter que la majorité des patients qui arrivent aux urgences sont adressés par un médecin généraliste ou bien encore par le SAMU.
Les hospitaliers médicaux comme non médicaux qui travaillent dans ce service sont épuisés. Certains d’entre eux, qui ont de l’ancienneté aux urgences, quittent le service voire l’établissement. D’autres s’effondrent en pleurs et ne se reconnaissent plus dans leur travail compte tenu à la fois des conditions de travail qui ne cessent de s’aggraver ne leur permettant plus de faire un travail de qualité et d’assurer la sécurité des patients et leur propre sécurité, avec chaque jour l’angoisse de passer à côté de l’urgence vitale générant une perte de chance pour le patient.
Ces conditions délétères ne favorisent pas la formation des internes et ne permettent pas de fidéliser le corps médical qui fuit l’hôpital public pour aller dans le privé tout comme les professions paramédicales qui pour certains d’entre eux, dégoûtés par cette maltraitance institutionnelle, changent de métier.
Ces conditions favorisent les départs, la perte de compétence, les fermetures de lits.
Qu’attendez-vous pour mettre un terme à cette hémorragie ? Que tous les personnels quittent le navire pour fermer aussi les urgences du CHU de Nantes ?
La situation s’aggrave et va continuer à s’aggraver avec les fermetures partielles ou totales de d’autres services d’urgences dans la région, le départ de médecins urgentistes vers le privé pour fuir ces cadences infernales, le service des urgences du CHU de Nantes devant absorber ce flux de nouveaux patients.
Nous exigeons des mesures d’urgences pour réduire l’absentéisme et la souffrance au travail, fidéliser les professionnels, rendre attractif ce service, améliorer les conditions de travail ; sécuriser les prises en charge des patients ; assurer la formation des internes dans de meilleurs conditions.
Des solutions d’urgences doivent être déployées sans délais.
Sur la question des besoins de santé
- élargir la plage horaire du CAPS de 18h à 00h du lundi au vendredi à la place de 20h - 00h et de 9h à 02h le samedi à la place de 14h - 00h et maintenir l’horaire de 9h - 00h le dimanche
Nous rappelons aussi la nécessité d’ouvrir des lits d’aval pour fluidifier le parcours patient et permettre de libérer des lits d’hospitalisation mais aussi de la nécessité d’arrêter les suppressions des lits en vue de la nouvelle construction qui prévoit encore la suppression de 65 lits de MCO, alors même que le CHU et plus largement les établissements publics du GHT 44 ne disposent pas de lits en nombre suffisant pour pouvoir répondre aux besoins de santé de la population dans des délais raisonnables et occasionnent une perte de chance pour les patients les plus précaires. Cette situation n’est pas acceptable.
Sur la question de l’attractivité ; de la fidélisation ; des conditions de travail ; de la qualité des soins et la sécurisation
- une plus grande participation des médecins du CHU aux urgences
Actuellement, ils sont au circuit debout de 18h à 00h en semaine, 14h-00h le weekend. Une participation plus importante au circuit debout permettrait selon nos informations de libérer du temps médical d’urgentiste.
Il serait préférable que les médecins du CHU fassent des journées complètes au circuit debout aussi bien la semaine que le week-end quitte à recruter de nouveaux médecins.
- diminuer la cible horaire clinique des médecins urgentistes pour 32h de temps clinique pour un temps plein et non 39h comme actuellement
- le versement d’une prime de pénibilité mensuelle en vous rappelant qu’une étude mettait en avant que l’espérance de vie pour les médecins urgentistes était diminuée par rapport aux autres médecins
- la revalorisation des gardes.
A titre de comparaison, les médecins ont leur salaire + environ 230 euros pour 14h de travail d’affilée contre 350 euros pour 9 heures supplémentaires effectuées par une IDE dans le cadre d’un HUBLO
- interdire un planning, en début de semestre, qui impose des heures supplémentaires aux praticiens.
Il faut privilégier le recours à des médecins vacataires. En cas d’impossibilité, les heures supplémentaires doivent être effectuées sur la base du volontariat.
- les week-ends doivent être répartis selon le pourcentage de temps de travail.
Certains praticiens à temps partiel se voient imposer un week-end de travail sur deux, ce qui n’incite pas ces praticiens qui ont fait le choix de travailler à temps partiel à rester
- un interne d’orthopédie sur la nuit de garde pour la traumatologie de façon à gérer la salle de suture et les avis
- la titularisation de l’ensemble des assistants (praticiens hospitaliers contractuels)
- la revalorisation PHC échelon 4 +10% de leur salaire de base (indice majoré), ce qui se fait sur le GHT44. Et pour les médecins anesthésistes, dès leur première embauche.
- créer des postes de médecins généralistes qui peuvent consulter en EHPAD. Le nombre reste insuffisant.
Pour les personnels non médicaux
la suppression des quotas de temps partiel
Chaque agent qui le souhaite doit pouvoir accéder à un temps partiel
- deux postes d’aides-soignants (es) en ZAD au lieu de 1 actuellement pour 13 patients, alors même que ces patients peuvent rester entre 2 et 5 jours
- un binôme AS – IDE de nuit à l’accueil avec la présence de la communauté médicale pour la permanence des soins
Ces mesures doivent être déployées sans délais pour stopper l’hémorragie et pouvoir prendre en charge les patients de bonnes conditions et en toute sécurité.
La sécurisation des soins et la protection physique et psychologique des professionnels est une nécessité absolue et dans le cas contraire pourrait engager la responsabilité de l’établissement voir du chef d’établissement.
Dans ces conditions, dans l’intérêt des patients, des professionnels et du service public, nous exigeons l’aboutissement de toutes ces revendications.
Dans l’attente de votre réponse écrite.
Recevez, Monsieur le Directeur Général, nos meilleures salutations.
Pour le Syndicat CGT du CHU de Nantes
Le Secrétaire Général
Olivier TERRIEN